C’est d’ailleurs ce qui frappe le plus en débarquant du
long, très long vol d’avion; la basse température! Ayant quitté le Québec en
plein été, voilà que pour dormir je dois utiliser une chaufferette et m’emmitoufler!
Hébergé à deux pas de l’aéroport, la première nuit ne servira qu’à me reposer
avant d’y retourner le lendemain pour y chercher ma voiture! Un «road trip» de
huit jours! Et c’est parti mon kiki! Ici l’autoroute impose plusieurs postes à
péage, en moyenne 5$. Dans chaque petite ville où je passe, je tente de trouver
une bombonne de gaz comprimée, interdite dans l’avion mais essentielle pour mon
réchaud de camping. Les centres de plein air étant très rares par ici, mes
seules chances résident dans les quincailleries. Après plusieurs tentatives
infructueuses, me voilà riche d’une canisse de butane et d’une épicerie! Je
suis fin prêt!
Camping et randonnée
dans le Drakensberg*
Premier arrêt sur ma liste, le parc national Royal Natal dans
le Drakensberg, cette superbe chaîne de montagnes qui agit à titre de frontière
naturelle entre l’Afrique du Sud et le Lesotho. La portion nord du Drakensberg,
qui signifie : «Montagnes du Dragon», comprend l’Amphithéâtre, une paroi
rocheuse impressionnante le long de laquelle s’élance la Tugela; la deuxième
plus haute chute au monde, à plus de 850
mètres! En chemin, l’autoroute fait place à une route secondaire, puis de
campagne, rétrécissant de plus en plus. Près du parc national, la route étant
devenue rurale, il faut zigzaguer entre les Africains qui empiètent sur la
chaussée. La majorité affichant des expressions de surprise en constatant la
présence d’un blanc, d’autres me saluent gentiment. Pendant ce moment, j’avoue
que je préfère être derrière un volant plutôt qu’à pied, surtout en passant à
côté d’un restaurant nommé «Cannibals»! Pas vraiment rassurant! Qu’a cela ne
tienne, je poursuis ma route jusqu’à l’entrée du parc national Royal Natal, et
ce, juste avant la fermeture. La gentille préposée trouve curieux le fait que je
n’ai pas de réservation! Elle me dirige vers le camping du parc, qui est
pratiquement désert en hiver soit dit en passant. J’y monte ma tente juste à
temps pour la noirceur avant d’aller prendre une douche. Quelle pression mes
amis! De l’eau chaude à profusion! Quel bien-être. Le hic, c’est qu’il faudra
retourner à la tente en gougounes à cinq petits degrés Celsius! Par chance
j’avais pris soin de me procurer un nouveau sac de couchage trois saisons avant
mon départ!
La bonne nouvelle en hiver est que le temps est presque
toujours clair et dégagé, ne pleuvant pratiquement pas. La mauvaise c’est que
la deuxième plus haute chute au monde allait être asséchée! Était-ce vraiment
une mauvaise nouvelle? Le temps était idéal, pas un seule nuage, la température
plus qu’agréable! La randonnée pour y parvenir était somme toute débutante à modérée et la vue sur
l’Amphithéâtre était superbe! Une journée épuisante mais parfaite! À mon
retour, un Pad Thaï lyophilisé! Oui, ces pochettes-repas auxquelles il faut
ajouter de l’eau bouillante et attendre... le résultat est impressionnant de
saveur! Un vrai délice!
Escalade sur le stade
Moses Mabhida à Durban
Prochaine étape, Durban, tout à l’est de l’Afrique du Sud,
son immense plage donnant sur l’océan Indien est l’endroit le plus chaud au
pays ; comme son slogan l’indique, «The
Warmest Place To Be»! Presque 20 degrés! Quel contraste avec les montagnes! Les
hôtels sur front de mer sont plus chers; 85$ la nuit, non merci. Je savais que
je trouverais un tarif moindre dans le «backstreet», la rue arrière. En effet,
quand on m’a proposé 35$ pour une chambre minable j’ai toute suite accepté! L’ascenseur
de l’hôtel fonctionne d’en bas seulement : lorsque tu es au huitième
étage, même en appuyant sur le bouton, il ne monte pas. Ce n’est qu’une fois en
route qu’il s’y arrêtera, alors si personne n’y monte, ça peut être long.
Bruyant comme ce n’est pas permis, l’hôtel est même situé dans un quartier à
éviter selon le guide Lonely Planet. C’est vrai que tu ne sors pas ta caméra
pour filmer tout ce qui bouge; c’est assez intense. Si tu as le malheur de
manger quelque chose en pleine rue, on te le demande, même s’il ne reste qu’une
bouchée à ton muffin ou une gorgée à ta bouteille d’eau. C’est sale et ça pue!
Pourquoi suis-je ici alors? Premièrement pour la plage, qui est magnifique! Pour
la promenade sur front de mer qui s’étend sur des kilomètres! Au matin, des
centaines d’Africains et de Blancs y déambulent en faisant leur jogging, leur marche,
leur séance de yoga et autres activités sous le chaud soleil levant. La scène
est magique. Finalement, le but ultime de ma présence ici est l’«Adventure Walk»;
monter les 500 marches du tout nouveau stade Moses Mabhida, construit spécialement
pour la coupe du monde de soccer en 2010. Pour neuf petits dollars, on fourni
une attelle qui s’attache à un câble en guise de rampe, et on monte les marches
jusque sur le toit du stade! L’adrénaline pompe dans les veines plus on les
gravit et la vue au sommet, la plus belle vue de Durban, récompense l’effort
déployé! Au retour, on nous remet même un certificat pour nous féliciter! Seules
18 personnes par jour peuvent effectuer la montée.
Randonnée à cheval au
Lesotho
Quitter la côte est et la chaleur fut presque regrettable
mais l’appel de la montagne était encore trop fort. Plusieurs heures et
plusieurs centaines de kilomètres plus loin, j’ai choisi de faire un arrêt aux
puits à Bethlehem situé à moins d’une heure du Lesotho. Une chambre de luxe
pour 54$, incluant chauffage réglable n’était pas de refus. Je repartirai
demain pour le Lesotho! Aux premières lueurs du jour, je sors pour reprendre la
route et constate que le frimas s’est étendu sur les voitures ainsi que sur le
sol. On se croirait à la fin novembre au Québec. Pourtant le chaud soleil aura
vite fait de faire fondre le givre. Après deux heures de route pratiquement
sans rencontrer de voitures en sens inverse, j’arrive à la frontière du
Lesotho. On la traverse en criant Lapin, le douanier ne me posant aucune
question. Ma permission de traverser la frontière avec ma voiture de location,
payée chèrement 93$, n’est même pas exigée! Mieux vaut plus de précautions que
pas assez! De l’autre côté de la frontière, le contraste est saisissant; la
pauvreté est palpable, les rues de la ville très achalandées, les regards se
faisant plus incisifs, les habitants portants pour la plupart des couvertures
multicolores sur un fond froid et poussiéreux. S’éloigner de ce chaos était la
seule priorité, pour la première fois, j’avais presque envie de rouler avec la
fenêtre du conducteur remontée. Ici la conduite est moins rapide qu’en Afrique
du Sud; lorsqu’un passant fait signe à un taxi, celui-ci s’arrête sur le champ
sans avertissement! Il faut donc être très vigilant.
Il en va de même pour les
contrôles routiers. Des policiers ayant érigés des barrages à la sortie des
principales villes contrôlent les passeports des usagers de la route, pendant
que certains laissent tout simplement passer. L’un deux cependant fût plus
insistant; il prétendait que j’avais omis de m’arrêter au contrôle précédent,
m’avisant qu’il s’agissait d’une offense au code de la route! Il s’agissait
peut-être au fait que j’étais au volant d’une voiture immatriculée en Afrique
du Sud croyait t-il. «Que pourrais-tu me donner pour que je te laisse passer?
Pour qu’on soit ami? me lança-t-il finalement! «C’est à ta discrétion». J’étais
mal placé pour obstiner! 10$ Sud Africains ont semblés le contenter! Puis j’ai
poursuis ma route…jusque dans le derrière d’une camionnette de police qui
roulait très lentement sur les 4 flasheurs! Est-ce que je la dépasse? Bonne
question! Après avoir vu quatre automobilistes le faire, je me suis dit que j’y
allais aussi! Finalement j’ai atteins le
Morija Guest House, une magnifique auberge perchée au dessus du village de
Morija en bordure de la chaîne de montagne des Maluti. Il faut savoir que le
Lesotho est le seul pays au monde dont l’ensemble de son territoire est
entièrement situé à plus de 1000 mètres! Une randonnée à flanc de montagne derrière l’auberge mène à
une paroi rocheuse vieille de 200 millions d’années dans laquelle sont engravées
des empreintes de dinosaures! C’est bien ici en Afrique du Sud et au Lesotho
que se trouve le berceau de l’humanité que tout à commencé! J’avais prévu faire
du camping mais la tenancière de l’auberge m’a offert une chambre pour
seulement 200 Malotis, parce qu’il fera -5 cette nuit! J’ai dit oui!
Le guide s’est présenté comme prévu à neuf heures du matin
accompagné de deux chevaux. Pendant quatre heures inoubliables, je l’ai suivi à
dos de cheval sur flanc de montagne, à travers la forêt, le long des lacs, à
l’intérieur des villages, le long des routes et à travers les champs. Les
villageois étaient tous plus surpris les uns que les autres de voir un Blanc
dans leur pauvre patelin. C’est avec une grande politesse que je leur envoyais
un «hello» ! J’ai ensuite passé le reste de l’après-midi, confortablement assis
sur un rocher à attendre que le soleil se couche derrière la montagne. Oui,
Lesotho et ta tranquillité, tu vas me manquer!
Randonnée en scooter
à Cape Town