mardi 7 juillet 2015

L'hiver en Afrique du Sud!


C’est d’ailleurs ce qui frappe le plus en débarquant du long, très long vol d’avion; la basse température! Ayant quitté le Québec en plein été, voilà que pour dormir je dois utiliser une chaufferette et m’emmitoufler! Hébergé à deux pas de l’aéroport, la première nuit ne servira qu’à me reposer avant d’y retourner le lendemain pour y chercher ma voiture! Un «road trip» de huit jours! Et c’est parti mon kiki! Ici l’autoroute impose plusieurs postes à péage, en moyenne 5$. Dans chaque petite ville où je passe, je tente de trouver une bombonne de gaz comprimée, interdite dans l’avion mais essentielle pour mon réchaud de camping. Les centres de plein air étant très rares par ici, mes seules chances résident dans les quincailleries. Après plusieurs tentatives infructueuses, me voilà riche d’une canisse de butane et d’une épicerie! Je suis fin prêt!

Camping et randonnée dans le Drakensberg*
Premier arrêt sur ma liste, le parc national Royal Natal dans le Drakensberg, cette superbe chaîne de montagnes qui agit à titre de frontière naturelle entre l’Afrique du Sud et le Lesotho. La portion nord du Drakensberg, qui signifie : «Montagnes du Dragon», comprend l’Amphithéâtre, une paroi rocheuse impressionnante le long de laquelle s’élance la Tugela; la deuxième plus haute chute au monde,  à plus de 850 mètres! En chemin, l’autoroute fait place à une route secondaire, puis de campagne, rétrécissant de plus en plus. Près du parc national, la route étant devenue rurale, il faut zigzaguer entre les Africains qui empiètent sur la chaussée. La majorité affichant des expressions de surprise en constatant la présence d’un blanc, d’autres me saluent gentiment. Pendant ce moment, j’avoue que je préfère être derrière un volant plutôt qu’à pied, surtout en passant à côté d’un restaurant nommé «Cannibals»! Pas vraiment rassurant! Qu’a cela ne tienne, je poursuis ma route jusqu’à l’entrée du parc national Royal Natal, et ce, juste avant la fermeture. La gentille préposée trouve curieux le fait que je n’ai pas de réservation! Elle me dirige vers le camping du parc, qui est pratiquement désert en hiver soit dit en passant. J’y monte ma tente juste à temps pour la noirceur avant d’aller prendre une douche. Quelle pression mes amis! De l’eau chaude à profusion! Quel bien-être. Le hic, c’est qu’il faudra retourner à la tente en gougounes à cinq petits degrés Celsius! Par chance j’avais pris soin de me procurer un nouveau sac de couchage trois saisons avant mon départ!
La bonne nouvelle en hiver est que le temps est presque toujours clair et dégagé, ne pleuvant pratiquement pas. La mauvaise c’est que la deuxième plus haute chute au monde allait être asséchée! Était-ce vraiment une mauvaise nouvelle? Le temps était idéal, pas un seule nuage, la température plus qu’agréable! La randonnée pour y parvenir était  somme toute débutante à modérée et la vue sur l’Amphithéâtre était superbe! Une journée épuisante mais parfaite! À mon retour, un Pad Thaï lyophilisé! Oui, ces pochettes-repas auxquelles il faut ajouter de l’eau bouillante et attendre... le résultat est impressionnant de saveur! Un vrai délice!

Escalade sur le stade Moses Mabhida à Durban
Prochaine étape, Durban, tout à l’est de l’Afrique du Sud, son immense plage donnant sur l’océan Indien est l’endroit le plus chaud au pays ; comme son slogan l’indique,  «The Warmest Place To Be»! Presque 20 degrés! Quel contraste avec les montagnes! Les hôtels sur front de mer sont plus chers; 85$ la nuit, non merci. Je savais que je trouverais un tarif moindre dans le «backstreet», la rue arrière. En effet, quand on m’a proposé 35$ pour une chambre minable j’ai toute suite accepté! L’ascenseur de l’hôtel fonctionne d’en bas seulement : lorsque tu es au huitième étage, même en appuyant sur le bouton, il ne monte pas. Ce n’est qu’une fois en route qu’il s’y arrêtera, alors si personne n’y monte, ça peut être long. Bruyant comme ce n’est pas permis, l’hôtel est même situé dans un quartier à éviter selon le guide Lonely Planet. C’est vrai que tu ne sors pas ta caméra pour filmer tout ce qui bouge; c’est assez intense. Si tu as le malheur de manger quelque chose en pleine rue, on te le demande, même s’il ne reste qu’une bouchée à ton muffin ou une gorgée à ta bouteille d’eau. C’est sale et ça pue! Pourquoi suis-je ici alors? Premièrement pour la plage, qui est magnifique! Pour la promenade sur front de mer qui s’étend sur des kilomètres! Au matin, des centaines d’Africains et de Blancs y déambulent en faisant leur jogging, leur marche, leur séance de yoga et autres activités sous le chaud soleil levant. La scène est magique. Finalement, le but ultime de ma présence ici est l’«Adventure Walk»; monter les 500 marches du tout nouveau stade Moses Mabhida, construit spécialement pour la coupe du monde de soccer en 2010. Pour neuf petits dollars, on fourni une attelle qui s’attache à un câble en guise de rampe, et on monte les marches jusque sur le toit du stade! L’adrénaline pompe dans les veines plus on les gravit et la vue au sommet, la plus belle vue de Durban, récompense l’effort déployé! Au retour, on nous remet même un certificat pour nous féliciter! Seules 18 personnes par jour peuvent effectuer la montée.

Randonnée à cheval au Lesotho
Quitter la côte est et la chaleur fut presque regrettable mais l’appel de la montagne était encore trop fort. Plusieurs heures et plusieurs centaines de kilomètres plus loin, j’ai choisi de faire un arrêt aux puits à Bethlehem situé à moins d’une heure du Lesotho. Une chambre de luxe pour 54$, incluant chauffage réglable n’était pas de refus. Je repartirai demain pour le Lesotho! Aux premières lueurs du jour, je sors pour reprendre la route et constate que le frimas s’est étendu sur les voitures ainsi que sur le sol. On se croirait à la fin novembre au Québec. Pourtant le chaud soleil aura vite fait de faire fondre le givre. Après deux heures de route pratiquement sans rencontrer de voitures en sens inverse, j’arrive à la frontière du Lesotho. On la traverse en criant Lapin, le douanier ne me posant aucune question. Ma permission de traverser la frontière avec ma voiture de location, payée chèrement 93$, n’est même pas exigée! Mieux vaut plus de précautions que pas assez! De l’autre côté de la frontière, le contraste est saisissant; la pauvreté est palpable, les rues de la ville très achalandées, les regards se faisant plus incisifs, les habitants portants pour la plupart des couvertures multicolores sur un fond froid et poussiéreux. S’éloigner de ce chaos était la seule priorité, pour la première fois, j’avais presque envie de rouler avec la fenêtre du conducteur remontée. Ici la conduite est moins rapide qu’en Afrique du Sud; lorsqu’un passant fait signe à un taxi, celui-ci s’arrête sur le champ sans avertissement! Il faut donc être très vigilant. 

Il en va de même pour les contrôles routiers. Des policiers ayant érigés des barrages à la sortie des principales villes contrôlent les passeports des usagers de la route, pendant que certains laissent tout simplement passer. L’un deux cependant fût plus insistant; il prétendait que j’avais omis de m’arrêter au contrôle précédent, m’avisant qu’il s’agissait d’une offense au code de la route! Il s’agissait peut-être au fait que j’étais au volant d’une voiture immatriculée en Afrique du Sud croyait t-il. «Que pourrais-tu me donner pour que je te laisse passer? Pour qu’on soit ami? me lança-t-il finalement! «C’est à ta discrétion». J’étais mal placé pour obstiner! 10$ Sud Africains ont semblés le contenter! Puis j’ai poursuis ma route…jusque dans le derrière d’une camionnette de police qui roulait très lentement sur les 4 flasheurs! Est-ce que je la dépasse? Bonne question! Après avoir vu quatre automobilistes le faire, je me suis dit que j’y allais aussi!  Finalement j’ai atteins le Morija Guest House, une magnifique auberge perchée au dessus du village de Morija en bordure de la chaîne de montagne des Maluti. Il faut savoir que le Lesotho est le seul pays au monde dont l’ensemble de son territoire est entièrement situé à plus de 1000 mètres! Une randonnée  à flanc de montagne derrière l’auberge mène à une paroi rocheuse vieille de 200 millions d’années dans laquelle sont engravées des empreintes de dinosaures! C’est bien ici en Afrique du Sud et au Lesotho que se trouve le berceau de l’humanité que tout à commencé! J’avais prévu faire du camping mais la tenancière de l’auberge m’a offert une chambre pour seulement 200 Malotis, parce qu’il fera -5 cette nuit! J’ai dit oui!

Le guide s’est présenté comme prévu à neuf heures du matin accompagné de deux chevaux. Pendant quatre heures inoubliables, je l’ai suivi à dos de cheval sur flanc de montagne, à travers la forêt, le long des lacs, à l’intérieur des villages, le long des routes et à travers les champs. Les villageois étaient tous plus surpris les uns que les autres de voir un Blanc dans leur pauvre patelin. C’est avec une grande politesse que je leur envoyais un «hello» ! J’ai ensuite passé le reste de l’après-midi, confortablement assis sur un rocher à attendre que le soleil se couche derrière la montagne. Oui, Lesotho et ta tranquillité, tu vas me manquer!
Randonnée en scooter à Cape Town