Avant de quitter Omsk, je suis retourné au café de Mohammed. Il voulait m'offrir gracieusement une bière pendant mon souper mais j'ai décliné l'offre sous les rires nourris de deux jeunes hommes dont l'un d'eux en a profité pour ajouter: "Nié roussky chélavièk!" Qui veut dire: "Ce n'est pas une personne russe!". Alors le gars m'offre une shot de vodka "tchout tchout", comme y disent, "juste un ti-peu". Mais il me dit "Eta nié sorock, eta siém dissiat!" (C'est pas du 40%, c'est du 70% d'alcool!) Et refuser de la Vodka ici, c'est une offense alors, euh, ok! Vive la Russie! En voulant quitter la ville, déception, j'ai du prendre un taxi! Oui, oui, pour la première fois en Russie, j'ai du me réduire à prendre un taxi, mais je n'avais pas le choix, il était minuit et la run de bus était terminée. Mais ok, ça coutait presque rien et j'ai connu Boris, un jeune homme de l'Afghanistan qui est venu s'établir ici.
Mon périple dans le Trans-Sibérien n'est jamais de tout repos. Dans le train en direction de Yekaterinburg, il y avait ce gros gars, qui ronflait comme un vieux tracteur John Deere pas de muffler. Vous savez tous que je ne voyage pas avec des bouchons pour les oreilles, ils sont inefficaces pour moi, non, je dors toujours avec mes protèges oreilles industriels, comme ceux portés par les employés sur la piste des aéroports, oui oui, ceux-là! Ils ont toujours fait l'affaire, mais pas cette nuit là. Le gros John Deere à côté de moi à eu raison de mes coquilles et de mon sommeil.
De retour en Europe
Yekaterinburg est une ville formidable, et ça parait que je suis de retour en Europe. La ville est immense, remplie de café, de pubs, de clubs, de cinémas et de centre commerciaux. Les filles sont belles comme jamais, les gars ont toute les cheveux courts, avec une grosse bière dans les mains. Il y a un plan d'eau qui traverse la ville et où tous les gens viennent se balader de chaque côté. C'est vraiment magnifique. De plus, la température, encore plein soleil et plus de 30 degrés, rend ce coin de pays superbe. Je suis dans une minuscule auberge qui n'a pas été facile à dénicher. Rendu approximativement au coin de rue où devait se trouver celle-ci, je me suis mis à chercher une affiche quelconque mentionnant le nom de l'auberge. Rien, j'ai du demandé de l'aide des habitants tout près. Rien. Puis j'ai vu, là, sur le mur de pierre, écrit à la main, avec une craie bleue pâle: "Meeting Point". Oh my god, quelle évidence! Mais encore il fallait pitonner le numéro de l'auberge à deux chiffres, que je ne connaissait pas non plus. Par chance, une vieille dame russe est allée se renseigner pour moi et elle m'a dit: "Siém dissiat tri!" Ah, 73, je fus sauvé!
Le salon de l'auberge est rempli de lits superposés et je suis entouré de cinq belges et d'un british. Ca y est, c'est ma mort, me suis-dis, ce sera un concert de ronflage! Ben non, la plus paisible des nuits! Je suis allé voir un film au cinéma, Prédateurs avec Adrian Brody, en russe évidemment, il n'y a pas de films en anglais en Russie. Le titre en russe? хищники. Ça m'a pris une demi-heure juste pour en déduire la prononciation! "Rhichniki!" C'est pas mal bon, même si j'ai compris que le tier du film, dans le lequel les acteurs répètent sans cesse "Tchiort!", l'équivalent de "merde" en français, ou "shit" en anglais!!
