lundi 20 décembre 2010

Varanasi

Il y a un festival qui se déroule présentement et la musique est ridiculement forte! Marcher dans les rues pourrait être une cause possible d’un saignement du tympan. Toute la nuit, du soir au matin, les chants et les tambours, n’ont cessés d’enterrer, le mot est bien choisi, le voisinage. Une sacrée chance que je ne voyage jamais sans mes caches-oreilles industrielles! Oui, je le sais, elles sont énormes comparée à des bouchons mais ces derniers n’auraient pas fait la job comme on dit! De toute façon, j’aime mieux me réveiller avec un torticoli que de n’avoir pas dormi!

La ville d’Agra est donc un incontournable pour quiconque visite l’Inde du Nord parce que siroter un Chai au gingembre perché sur le toit-terrasse de ton hôtel à 16 dollars la nuit, tout ça avec le Taj Mahal en fond d’écran, est une vue qu’on oublie jamais!

Varanasi sur le Gange

Le vendeur de billets de train me mentionne qu’il ne reste que la catégorie « sleepers » dans le train qui relie les villes d'Agra à celle de Varanasi, séparées par un peu plus de 800 km. Une cabine pour huit personnes avec 3 lits superposés pour la modique somme dix piasses! Go! On est là pour avoir du fun ! J’ai gelé comme une crotte bâtard ! Oubliez ça les oreillers et les couvertes! Rien. Des bancs d’autobus frettes! Et l’Inde est le premier pays où je voyage sans sac de couchage. Le premier de ma vie! Pourquoi? Parce que je ne m’en sers jamais! Mais là, je l’aurais pris en titi ! Pas grave, on est faite fort!

Varanasi

La ville de Varanasi est résolument mon coup de cœur. C’est exactement ce que je cherchais. Le tableau si intense et si coloré de la ville était l’image que j’avais de l’Inde. Des rues étroites, poussiéreuses, sales, le long desquelles, un trafic incessant, tonitruant, chaotique. De minuscules échoppes sont installées partout. Beaucoup de salons de rasage pour hommes. Le prix? 20 cennes! On peut tomber sur un rituel crématoire où, après avoir transporté le défunt couvert de fleurs blanches sur deux longues branches de bambous, dans les ruelles tortueuses, déambulant rapidement jusqu’au Ghat. On le dépose ensuite sur un bûcher, à partir duquel le corps s’envole en fumée. Il est interdit de prendre des photos devant ces cérémonies, les Indiens sont très strictes la dessus, ainsi, vous n’aurez pas de cliché, j’ai tenu à respecter leur demande.

On croise aussi des fakirs, des prêtres vêtus d’une longue toge orange, coiffé avec les cheveux remontés en style cône-head, et arborant des peintures rouge, jaune et blanc sur le front. Et que dire des vaches, elles sont là à se balader nonchalamment au beau milieu de ce tout ce beau monde comme si elles marchaient dans un champ de blé. Zéro stress!

Le guide lonely planet, le meilleur selon moi, parle d’une ville oppressante qui peut sembler lourde avec la sollicitation agaçante des rabatteurs qui veulent te donner une ride, te suggérer un hôtel, un restaurant, prendre une photo avec toi, de vendre de la drogue, un massage ou un rasage! Le livre suggère même de ne pas succomber à la paranoïa!

Révélation :
Ce sont les vaches qui ont le secret! Hier je me suis lié d’amitié avec l’une d’elle.

Rencontre :
Mon hôtel, presque impossible à trouver, caché au fin fond des ruelles
labyrinthites, appartient à une petite famille Indienne. Le papa qui parle pas un mot d’anglais, la maman, toute gentille qui fait ton lavage pour 35 cennes, le petit frère, pas toute là qui parfois part en épisod de transe, je le trouve pas rassurant celui-là, ainsi que Monu, un jeune tenancier d’une trentaine d’année, comique et accueillant. En sortant de mon hôtel, je tombe face à face avec une belle grosse vache blanche et cornue. Avec la ruelle en fond d’écran, c’était la plus belle des vaches. Eh ben elle ne voulait pas me laisser passer, elle faisait exprès pour me couper le chemin. Un Indien, qui avait observé la scène, me lance : « She likes you! » haha!

J’ai alors décidé d’adopter le comportement de la vache et j’ai réalisé qu’à travers tout ce chaos, se trouve une énergie spirituelle bien vivante et bien tangible. Une sorte de vibration spirituelle plus élevée qu’ailleurs, un peu comme quand t’arrives au Machu Picchu au Pérou! Varanasi est la plus vieille ville constamment habitée de l’Inde. Ça, ça veut dire, la plus vieille des villes de l’Inde où il y a jamais arrêté d’y vivre du monde, jusqu’à aujourd’hui. C’est ici où tout à commencé. J’ai donc ralenti au pas de vache et le temps s’est arrêté. Je n’entendais plus les klaxons, en fait, ils ne m’ont jamais vraiment dérangé mais je sentais que les rabatteurs me rabattaient moins.

Je découvert au fil de mes voyages que souvent, je cherchais trop à tout voir. Mais là, j’ai vraiment appris, non pas à tout voir, mais à tout être! Je dois vous avouer que je viens de décrocher une sérieuse dose de bonheur. Un état de plénitude, un état de béatitude! La félicité, le secret du bonheur durable, se trouve dans les paroles de la chanson : « J’irai au bout de mes rêves! », eh bien j’y suis présentement!

Actualités :
Zone sous haute tension

Il y aurait de cela deux semaines, je n’en avais pas entendu parlé, mais il semble que les nouvelles internationales ait en effet relaté une déflagration sur un Gath, un serpentin de marches pittoresques qui descendent dans le Gange, le fleuve le plus sacré de l’Inde, où bon nombre viennent se laver de leurs péchés chaque jour. Savon inclus! L’attentat a été revendiqué par des extrémistes Pakistanais qui veulent s’attaquer là où ça fait mal, espérant semer la peur dans l’esprit des touristes, en faisant baisser la principale source de revenus de la région, le tourisme. Et ça a fonctionné. C’est la raison pour laquelle j’ai obtenu une place dans l’hôtel où j’héberge, plusieurs personnes ayant annulé leurs réservations, comme c’est le cas dans plusieurs hôtels. Le gouvernement, qui a réagi rapidement en postant des gardes armés et des détecteurs de métaux, veut faire évacuer les bateaux colorés, amarrés devant le plus important des Gath, le Dasashwamed. Il souhaite ainsi disperser les bâteaux le long des 80 Gaths. Le Gouvernement cherche à réduire l’éventuel bilan des victimes en cas d’un attentat, en réduisant l’affluence exclusive au Ghat Dasashwamed. Sauf que les bateliers ne le prennent pas! Et ils font la grève! Des milliers de dollars sont recueillis chaque jour de ses promenades en bateau le long des Gath. L’économie va s’en prendre un coup si le Gouvernement tient son bout. Résultat, pas de promenade sur le Gange. Déception? Non. Vous n’aurez que deux ou trois clichés classiques des Gath de Varanasi en moins!

Est-ce dangereux pour autant? Bonne question.

Est-ce que j’ai peur? Non.

Est-ce que je suis heureux? Oui. Alors on continue!

Namasté!

Robin

1 commentaire:

  1. Robin!!
    Ton récit est incroyablement touchant!
    Une question cependant, quel était le nom de ton amie?
    Mon passage préféré...tu devine lequel!!!
    "J'ai découvert au fil de mes voyages que souvent, je cherchais trop à tout voir. Mais là, j’ai vraiment appris, non pas à tout voir, mais à tout être! Je dois vous avouer que je viens de décrocher une sérieuse dose de bonheur. Un état de plénitude, un état de béatitude! La félicité, le secret du bonheur durable".
    Merci infiniment Robin!

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