jeudi 22 décembre 2011

La Patagonie


Est-ce sécuritaire de voler par un temps pareil? Demandais-je au commis du comptoir de Aerolineas Argentina au sujet du vent qui semblait vouloir battre des records de kilomètres-heure! Pas de problèmes qu’il me répondit. Le vol en partance de la Terre de Feu s’est même déroulé dans un calme surprenant et c’est tant mieux. En arrivant en Patagonie, on survole le Lago Argentino, d’un bleu poudre étincelant au pied des hauts sommets de la Cordillère de Andes. J’atterris à El Calafate et prend un ticket de bus à 8$ qui m’emmènera directement à mon auberge nommée de circonstance, America del Sur! Du salon, les routards peuvent apprécier une vue panoramique du Lago Argentino et des montagnes environnantes. Je profite du coucher de soleil en sirotant une délicieuse bière locale, fruitée sans être amer, la Sholken.

Prochaine étape, faire les courses pour le trek du lendemain. Fait intéressant à noter, les épiceries n’ont pas le droit de distribuer des polluants gratuits, c'est-à-dire des sacs en plastique pour faire les emplettes. En Patagonie, c’est interdit par la loi! T’as pas tes sacs? Prends tes mains! À quand un gouvernement qui mets ses culottes en matière d’environnement au Québec? Je dis bravo à cette mesure verte!

L’autobus se pointe à neuf heures pile à l’auberge et on part pour le glacier Perito Moreno. En chemin on traverse cette fameuse Patagonie, des paysages Andins à couper le souffle peints de vastes plaines ondulées ceinturées de hauts pics enneigés. Le spectacle est presque surnaturel. Mon cœur cesse cependant de battre à la vue unique du Perito Moreno, ce champ de glace énorme qui avance jusqu’à trois mètres par jour! Voir et entendre le glacier est définitivement un must, un spectacle à ne pas manquer. Les pics peuvent atteindre jusqu’à 50 mètres en surface et descendre à plus de 120 mètres sous cette dernière, mais le glacier ne flotte en aucun endroit, il avance en grattant le fond de la rivière. Lorsqu’un morceau de la taille d’un gratte-ciel se détache de la paroi, le glacier laisse échapper un bruit retentissant, tel un coup de canon, qui fait écho contre les montagnes qui l’entoure. Toutes les têtes se tournent alors subitement en cherchant le morceau qui se détache, tous veulent immortaliser ce moment. La presque totalité des touristes ne sont armés que d’une minuscule caméra numérique pour s’attaquer aux images. De mon côté, je suis bien ancré sur mon trépied avec ma caméra HD à stabilité renforcé ayant commencé à enregistrer avant même que le glacier ne commence à se manifester. Plein zoom, j’ai capturé en détail le détachement d’un énorme morceau dans la paroi créant une onde de vague au pied du glacier. Extrêmement fier, je sais que parmi les centaines de touristes réunis, je suis reparti avec l’une des meilleures, sinon la meilleure prise de la journée, rendant jaloux, le couple russe à mes côtés.


La journée aurait pu déjà se terminer mais le meilleur était encore à venir; un trek sur le glacier! Après une balade en bateau qui nous fait passer juste devant le glacier, nous permettant d’apprécier d’avantage sa démesure, on nous invite à enfiler des crampons pour un trek hors de l’ordinaire; pendant une heure et demi, je franchis des crevasses, grimpe des flancs de glaciers et m’arrête à maintes reprises pour prendre des photos ou simplement admirer la beauté du glacier, une expérience que je ne suis pas prêt d’oublier. J’ai profité de ma dernière journée à El Calafate pour faire une balade en vélo le long du Lago Argentino, teinté d’un bleu presque mystique.

Ce matin, départ à huit heures pour El Chaltén, la capitale nationale du hiking, séparé de trois heures d’El Calafate. À l’approche d’El Chaltén, le vue sur le Fitz Roy m’écarquille les yeux avant même que mon cerveau n’ai eu le temps d’y penser. Il s’agit véritablement de l’un des plus beau paysage que j’ai jamais vu de ma vie! El Chaltén est la dernière ville avant de s’élancer à l’assaut du Fitz Roy, dans le Parc National Los Glaciares. L’utilisation du mot ville est en quelque sorte exagérée car selon moi on pourrait utiliser un gros village composé essentiellement d’auberge de jeunesse et de panaderias (boulangeries). L’auberge dans lequel j’ai posé mon sac à dos propose une cuisine un peu chère mais succulente en plus d’offrir des boîtes à lunchs pour les randonnées de la journée. Quelle bonne idée, rien à préparer!


Mon premier trek fut le Laguna Torre, un sentier de 22km somme toute assez plat, constamment agrémenter par la vue irréelle du Fitz Roy et du Cerro Torre en arrière plan. La température varie subitement pendant l’ascension, passant du plein soleil sans brise où simplement un t-shirt est de mise, jusqu’à la pluie forte et aux froides bourrasques de vent où la capuche, les mitaines et le coupe-vent sont importants. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit à l’arrivée au Laguna Torre, quand après 11km de randonnée, je ne suis même pas arrivé à prendre une photo convenable du lac en question, la pluie qui s’abattait sur moi créait des gouttes dans l’objectif de ma caméra. J’ai donc du rebrousser chemin et espérer un meilleur résultat le lendemain.

Par chance, l’un de mes co-chambreurs est français et étant habitué à cet endroit, m’affirma que demain n’était pas une journée suffisamment claire pour l’ascension du trek ultime, le Fitz Roy. J’ai donc passé la journée à ne rien faire, je n’ai même pas sorti ma caméra du matin jusqu’au soir, une vraie journée de congé!

Guillaume avait raison, aujourd’hui le vent à changé de direction et le ciel bleu m’invite fortement à me lancer dans le trek de 25km qui mène au summum de la Patagonie, le Fitz Roy. Certaines personnes le qualifient même de leur meilleur trek à vie, comparable à ceux effectués au Népal en Asie. Les quatre premières heures sont relativement faciles à marcher, m’arrêtant sans cesse, fixant mon trépied au sol pour croquer des images sur le vif, ayant l’étrange impression d’être dans une carte postale vivante. La dernière heure est cependant exténuante, une montée infernale qui serpente vers le sommet, la portion la plus détériorée du sentier. Les souffles haletants se font entendre lorsque je dépasse ceux et celles qui se sont entêté à terminer la randonnée, sachant évidemment que le dessert se trouve tout en haut, comme on dit, la cerise sur le sundae!


Par chance, le vent et le temps froid tempère la chaleur déployée par l’effort lors de la montée, s’il avait fait 20 degrés, plusieurs n’auraient probablement pas pu y arriver. Plus que quelques enjambées et ca y est, le Fitz Roy s’offre à moi dans toute sa splendeur, au pied du Laguna de los Tres, reflétant un superbe ciel bleu, comme pour se faire pardonner de ma dernière randonnée. Je savoure ce moment aussi intensément que le jour de mon anniversaire, littéralement envoûté par la beauté qui m’entoure et m’aspire en même temps. Je célèbre ma présence au pied du Fitz Roy, l’emblème de la Patagonie!

Aujourd’hui, dernière journée en Patagonie, j’en ai profité pour aller voir une chute, s’agissant de la plus courte et de la plus facile des randonnées. Au total, ce sont 55km de trekking que j’ai effectué dans le Parc national Los Glaciares. Ce soir, je quitte la Patagonie et prenant le bus à 23h50 pour El Bolson, un voyage de 25 heures par la ruta 40, une route de gravier. Direction : La Région des Lacs pour d’autres Parc nationaux et d’autres randonnées que le guide décrit et je cite : "parmi les paysages les plus somptueux du pays, voire de la planète."

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